28 avril 2006

Pékin décide d'augmenter le taux sur les prêts

Comme je l'indiquais dans le mail précèdent les autorités chinoises cherchent à éviter la surchauffe de leur économie. C’est ainsi que l’on vient d’apprendre que la Banque centrale chinoise vient d’augmenter de 27bp (0.27%) le coût du crédit à un an. Celui-ci en ressort à 5.85% désormais. Cette augmentation même si elle n’est pas spectaculaire montre bien la volonté de Pékin de garder le contrôle de sa croissance.

27 avril 2006

Les structures changent, les mentalités pas

La croissance chinoise est rapide, très rapide...trop rapide ? Avec un taux de croissance de près de 10% l'an dernier (9.9% pour être exact)la croissance chinoise reste très soutenue malgré les déclarations officielles de dirigeants qui annoncent vouloir une croissance un peu moins forte (aux alentours de 8%) afin d'en contrôler les dérives.

L'une des principales dérives de cette croissance est la trop grande liquidité de l'économie chinoise. En effet, les banques chinoises disposent d'une somme colossale d'actifs qui sont bien trop souvent prêtés sans aucun contrôle et sans aucune donnée financière (risque / rentabilité notamment). Ainsi, selon un économiste du FMI "les prêts des banques publiques ne semblent motivés que par la disponibilité (ou non) de fonds". C'est ainsi que entre le premier trimestre 2005 et le second 2006 les prêts ont connu une hausse de 70% !

Pour contrecarrer cet essor qui risque de fragiliser un système bancaire fragile les autorités chinoises ont réformé les règles de gouvernance et recapitalisé les banques publiques à hauteur de 60 milliards de dollars. Cependant ces réformes structurelles ne se sont pas couplées avec une réforme des comportement, nécessaire à un meilleur fonctionnement. Aujourd'hui, les conditions d'accès aux prêts restent bien trop souvent parasitées par les interférences publiques.

Un élément pourrait faire évoluer cette réalité : l'influence des investisseurs étrangers au capital des grandes banques chinoises. Seulement, aujourd'hui le contrôle par un investisseur étranger du capital est limité à 25%. De plus, on peut s'interroger sur le poids de ces acteurs internationaux face aux autorités locales chez qui pouvoir politique et économique sont loins d'êtres dissemblables. Cependant, les perspectives d'accès à un marché local aussi prometteur que le marché chinois poussent les plus grandes banques mondiales à s'inviter au capital de leurs consoeurs chinoises. C'est ainsi que la Société Générale et Citigroup sont en compétition pour participer à la restructuration de la Guangdong Development Bank. Et dans cette course la Société Générale semble aujourd'hui en avance sur son adversaire direct (pourtant le plus gros groupe bancaire mondial) tout simplement parce que la proposition française respecte le fameux quota des 25% (elle en détiendrait 24% à l'issue de l'offre) contrairement à l'offre américaine qui voudrait monter jusque 40%.

Ainsi même si les structures évoluent ou sont sur le point d'évoluer, les pratiques elles sont toujours ancrées au processus décisionnel et le système bancaire chinois s'apparente à un "colosse aux pieds d'argile".

22 avril 2006

La Chine détient les premières réserves de change mondiales

C'est historique ! Depuis Mars 2006 ce n'est plus le Japon mais bien la Chine qui détient les plus grandes réserves de change mondiales. Celles-ci sont en effet passées de $819bn fin 2005 à $854bn (mars 2006). La Chine a ainsi dépassé le Japon et ses réserves qui atteignent $850bn (mars 2006).
Cette nouvelle n'est pas de mesure à apaiser les vélléités des partenaires commerciaux de la Chine qui voient leur balance commerciale se dégrader progressivement. De plus, la majorité de ces réserves étant détenue en bons du trésor amricain, on voit, à nouveau, que l'interdépendance de l'économie chinoise et américaine est toujours plus forte.
On s'aperçoit enfin que les pays du sud-est pacifique (majoritairement la Chine et le Japon) continuent d'accumuler des réserves vertigineuses qui certes permettent de financer la croissance américaine et son double défiit (ceux de la balance commerciale et budgétaire), mais qui leur donnent une marge de manoeuvre excetionnelle en vue de futures acquisitions transnationales.

19 avril 2006

Première visite (d’Etat ?) de Hu Jintao aux Etats-Unis

Hu Jintao, le président chinois, a entamé mardi 18 avril sa première visite sur le sol américain depuis son arrivée au pouvoir en mars 2003. Lors de la précédente venue d’un président chinois aux Etats-Unis, Jiang Zemin en 1997, les problèmes politiques étaient alors au cœur de tous les débats. Les Etats-Unis déroulaient en effet le tapis rouge à l’homme qui incarnait 8 ans plus tôt la répression de Tienanmen. Mais aujourd’hui, en 2006, le contexte économico politique est radicalement différent et c’est bien vers le domaine économique que Georges Bush veut orienter les débats. Signe de cette transition, Américains et Chinois n’ont pas réussi à s’accorder sur la désignation exacte de la visite : visite d’Etat côté chinois et visite de travail côté américain.


Si les relations économiques entre les deux géants préoccupent au premier chef le président américain, c’est que les échanges sino américains se sont fortement densifiés durant ces dernières années. Un chiffre résume bien l’interdépendance entre les deux pays, celui du déficit colossal de la balance commerciale américaine vis-à-vis de la Chine : 202 milliards d’euros. Ce chiffre a poussé une poignée de sénateurs américains à proposer un texte de loi visant à taxer les importations chinoises à hauteur de 27.5% si les conditions actuelles n’évoluaient pas.


Afin de minimiser l’impact de ce différend commercial, les Chinois ont multiplié ces derniers jours des signes de bonne volonté. Seulement, ce n’est pas la commande pour près de 16 milliards de dollars de Boeing et de soja ou encore la levée de l’embargo sur le bœuf américain qui permettra de résoudre structurellement le déficit américain. En vue de cet objectif, les points suivants seront particulièrement déterminants pour l’avenir des relations sino américaines :

La sous-évaluation du yuan : la sous-évaluation est perçue par de nombreux analystes comme la principale cause du déficit américain. En effet, ceux-ci considèrent que la monnaie chinoise est sous-évaluée de 30 à 40%, rendant de ce fait les exportations chinoises très bon marché et aggravant le déficit commercial. Actuellement, même si les autorités chinoises ont incorporé un peu de flexibilité dans le régime de change chinois, celui-ci reste étroitement sous contrôle de la banque centrale chinoise. Il semble que celle-ci ait décidée de laisser le yuan s’apprécier de manière douce et graduelle vis-à-vis du dollar (il faut aujourd’hui un peu plus de 8 yuans pour acheter un billet vert). En effet, on voit mal les autorités chinoises décider une réévaluation brutale du yuan, sachant que leur économie dépend à 80% des exportations, qui engendrait une instabilité économique, sociale et politique du pays alors même que leur objectif est de favoriser une croissance soutenue du niveau de vie de leur population. En outre, quand bien même les autorités chinoises cèderaient aux injonctions du lobbying américain, ce qui n’arrivera certainement pas, une réévaluation brutale du yuan de l’ordre de 30% ne permettrait pas d’apporter une réponse structurelle au déficit américain mais ne ferait que le déplacer vers d’autres pays à bas coût. Enfin, les Etats-Unis n’obtiennent sur ce sujet que peu de soutien de la part de l’UE qui voit dans une réévaluation brutale du yuan vis-à-vis du dollar une cause quasi mécanique de fièvre de l’euro ce qui serait très pénalisant dans un contexte de croissance européenne fragile.

Le respect de la propriété individuelle : ce dossier est indéniablement partie prenante de la visite de Hu Jintao puisque celui-ci dînera avec Bill Gates. Sur ce point, le gouvernement chinois a promis de renforcer les contrôles et les mesures permettant de lutter conter la contrefaçon. Ainsi, tout nouvel ordinateur vendu en Chine devra posséder une version légale de son système d’exploitation, notamment Windows. La chambre du commerce américaine a récemment estimé à $250m les pertes subies par les entreprises américaines liées à la contrefaçon.

Cependant, ces éléments ne doivent pas faire oublier qu’au-delà d’être le nouvel « ennemi n°1 » pour bon nombre d’américains, la Chine est avant tout devenue un partenaire économique indispensable dont seule l’exceptionnelle croissance a permis de soutenir une croissance rigoureuse malgré des événements géopolitiques très forts tels que les attentats de 2001 ou la guerre en Irak. De plus, les chiffres du déficit commercial, si catastrophiques soient-ils, prennent en compte les importations de produits américains, fabriqués par des entreprises américaines sur le sol chinois.

Evidemment, les enjeux politiques sont également au cœur de cette visite et notamment la place chinoise vis-à-vis de la volonté iranienne de s’équiper de l’arme nucléaire. Alors que les Chinois semblent s’aligner sur la vision russe de ne pas sanctionner l’Iran, les Etats-Unis attendent de la Chine une position moins accommodante vis-à-vis de l’Iran.

Dans ces conditions, ce ne sont pas les 21 boulets de canons tirés en l'honneur du président Hu Jintao qui feront de cette visite bien plus qu'une simple réunion de travail mais bien plus la nécessité pour ces deux puissances de trouver un juste équilibre à une bipolarisation inéluctable de l'économie mondiale.


Blogotop l'annuaire des blogs
Habitation - Prenoms masculins - Annuaire